Au cours de ces derniers mois, il m’est arrivé à plusieurs reprises de parler de relations entre humains et non humains (animaux, plantes, météores…).
Cette acception a pu te paraître étonnante, peut-être floue << Test First Name >>.
D’autant plus quand cette relation est corrélée à nos façons d’habiter le monde.
Pour comprendre en quoi le concept de nature tient une place spécifique dans nos sociétés occidentales et dans nos relations aux non-humains prenons le temps d’un petit voyage temporel.
Nous voilà dans les années 70, chez les Achuars d’Amazonie, les Anthropologues Philippe Descola et Anne-Christine Taylor y ont posé leurs bagages universitaires.
De cette rencontre avec les Achuars et de ce mode de vie partagé, va naître une constatation puis une réflexion forte dans l’esprit de Philippe Descola : « la nature n’existe pas ».
Le mot nature et tout ce qu’il englobe apparaît être un concept forgé par les sociétés occidentales ; un concept inexistant ailleurs dans le monde.
Et plus incroyable encore, ce concept de nature est à la base de notre façon d’habiter le monde.
Le monde et le mode de relation que circonscrit le naturalisme s’appuient sur une continuité physique entre humains et non humains. Nous partageons avec les plantes, les animaux une même « soumission » aux lois de la physique, ainsi, sommes-nous les uns comme les autres composés d’atomes, de molécules tout en partageant des caractéristiques morphologiques et physiologiques.
En revanche, une discontinuité se dessine entre nos intériorités. Oui les animaux, les plantes sont sensibles et peuvent être intelligents, mais plantes comme animaux ne possèdent pas de consciences, d’« âme », d’intentionnalité, de subjectivité, de réflexivité ou bien encore d’aptitudes à signifier ou à rêver.
La route qui a conduit à cette dualité entre nature/culture, sauvage/domestique… est un héritage.
De Galilée et de ces observations astronomiques, de Descartes et de ces principes philosophiques sans oublier un « soupçon » du christianisme et de ces doctrines.
La peinture flamande du 15 -ème par l’introduction d’un plus grand réalisme et de l’utilisation de la perspective marquera les préliminaires au changement radical qui arrive.
Une révolution de la pensée s’opère à partir du 17 -ème siècle, la « nature » qui jusqu’alors apparaissait comme chaotique cache une réalité mathématique.
Ce qui induit qu’elle peut être mesurée, catégorisée, étudiée, disséquée… est par là même objectivée.
C’est la naissance de la science moderne, de la méthode scientifique et du grand partage ; Une séparation nette et radicale (raison/foi ; corps/esprit…). Une séparation qui inclut les concepts, mais aussi les humains. La culture s’opposant aux sociétés traditionnelles et justifiant aux yeux des modernes leur domination.
Reprenons un peu notre souffle.
Si nous comprenons que la séparation avec la nature est une construction propre aux sociétés occidentales, qu’en est-il ailleurs ?
D’autres modes d’identifications et de relations sont à l’œuvre.
Comme l’animisme par exemple.
Qui postule une discontinuité au sein des physicalités (humains et non humains n’ont pas la même morphologie) et une continuité entre les intériorités (les non humains vivent aussi en communauté, possèdent un esprit…).
C’est cette continuité entre les intériorités qui rend possible dans le cas de l’animisme le dialogue entre humains et non humains.
Ainsi, un météore dans la mondiation (=relation d’être au monde) naturaliste est un caillou de l’espace, constitué de X matières… tandis que dans la mondiation animiste, celui-ci est un esprit.
Si je prends ce temps d’éclaircissement à ce sujet aujourd’hui, << Test First Name >>, c’est qu’il y a un lien avec l’astronomie.
S’il existe plusieurs façons de s’identifier et d’être en relation avec les non-humains, le fameux terme mondiation, c’est que cette mondiation traverse également la façon de représenter le visible et l’invisible.
Pour être concis : les représentations du ciel au travers des constellations, des étoiles, des planètes ainsi que des récits oraux qui leur sont associées ne peuvent se comprendre qu’au travers de la mondiation qui sous-tend la société humaine qui les a créés.
Penser le ciel Inuit, Australien, Amazonien ou Coréen en leur calquant la pensée naturaliste, c’est comme disposer d’ingrédients pour faire un gâteau tout en suivant la recette de la quiche.
Certains apparaissent semblables, mais le résultat attendu ne peut être le même.
C’est cette compréhension plus fine des mondations qui a occupé une partie de mon été.
Car (et ceci n’est pas un scoop) le ciel n’est pas et ne sera jamais uniforme.
À l’Univers mathématique, physique, chimique, lui répond un autre multiple, pluriel qui nous appartient d’explorer.