Je viens tout juste de terminer une courte autobiographie de et sur Françoise Giroud.
Ce livre m’est tombé dessus au détour d’un « arbre » à livres. Pour moi les cabanes à livres sont des arbres depuis que l’une d’entre elles a été installée à même le tronc d’un grand platane dans le village où je vis. Et quelque fois ces « arbres » à livre offrent des lectures inattendues !
Françoise Giroud est née dans une France d’entre deux guerres. Script pour le cinéma, journaliste et écrivaine, ministre à la condition des femmes puis à la culture.
Enceinte par accident à vingt ans dans une France conservatrice (Elle livre un récit de sa maternité crue, dure et à la fois libératrice).
Elle traversera la seconde guerre mondiale en s’engageant dans la Resistance. Puis les voyages et les rencontres de chefs d’états qui ont fait l’histoire mais pas toujours en bien (ce passage du livre totalement décalé ou Krouchtchev lui offre un cigare provenant de la réserve personnelle de Fidel Castro).
Soudain p 179 :
« Enfant, je croyais que les étoiles étaient les âmes des morts et qu’une étoile nouvelle s’allumait chaque fois qu’un vivant s’éteignait ».
Savais-tu que cette représentation des étoiles à longtemps parcourue toute l’Europe ? Une Europe fortement christianisée mais qui conservait au cœur des communautés rurales des fragments de croyances païennes.
Le monde s’organisait à partir d’une dualité entre le bien et le mal, entre le Diable et Dieu. C’est de ce dualisme que naissaient les éléments qui peuplent notre monde et que nous connaissons aujourd’hui (comme la mer, les montagnes et la Voie Lactée).
Dans les croyances populaires et les contes des origines Dieu est créateur là ou le Diable contrefait la création. Il endosse alors un rôle d’imitateur malheureux et très drôle !
(Il invente parfois des choses très utiles mais jamais parfaites : la hache n’a pas de manche, le chariot ne sort pas de la maison, le violon n’a pas de résonnance… Et c’est Dieu qui de part son habileté corrige les défauts de ces inventions).
Les récits de tradition orale et les croyances autour du ciel s’organisent sur ce qui est observable : les étoiles, les constellations, la Voie Lactée, la Lune, le Soleil… Il n’existe aucun récits ou croyances sur les trous noirs par exemple.
Tout ceci tend à organiser, expliquer et donner du sens. Quelque fois dans une infinie poésie : comme en Biélorussie où les anges à la nuit tombée ouvrent des fenêtres dans le ciel et y allument des bougies, ce sont les étoiles.
Mais Françoise Giroud insiste
«…dans un ultime sursaut de crédulité, je n’ai pas complétement renoncé à l’idée de devenir un jour une étoile. J’aimerais qu’elle apparaisse dans l’hémisphère Sud, là où le ciel grouille de lumière, et qu’en captant le cri qui annoncera sa naissance, les astronomes disent : Ce n’est rien. Encore une Âme. Ce doit être le numéro 77.427.311.974.»
Je souris.
Des étoiles que nous observons à ce qui nous compose, le lien est fait chère Françoise Giroud.
Je pense à l’eau qui nous constitue et à celle dont nous nous abreuvons pour vivre.
H2O.
L’Hydrogène à été créé juste après le Big Bang il y de cela 13, 7 milliards d’années.
L’Oxygène lui est apparu dans le cœur chaud d’une étoile il y a 5 milliards d’années.
Alors à chaque fois que tu bois un verre d’eau, ce que tu avales ce sont à la fois les bribes du monde primordial mêlées aux cendres du feu stellaire.
Oui, d’une certaine façon nous sommes déjà des étoiles.
Pour aller plus loin :
« Histoire d’une femme libre »
Françoise Giroud – Editions Gallimard
« D’un conte à l’autre »
Galina Kabakova – Editions Flies France; Illustrated édition